Que cela sentait bon. June avait toujours adoré regarder son père cuisiner. Il faisait des fois des plats traditionnels de son pays. L'Angleterre. Mais il lui arrivait de cuisiner des plats français, indiens ou encore américains. C'était toujours autant si bon. Et c'était normal. Son père était le meilleur cuisinier que June connaissait. Elle avait toujours adoré ses plats et elle avait de la chance d'avoir eu l'occasion de découvrir les cultures gastronomiques étrangères. La jeune fillette de 10 ans observait son père en train de fariner la pâte. Il faisait une tarte aux tomates. Son plat préféré pour son anniversaire. Elle était née le 31 juin 1978, en plein été. C'était la saison idéale pour les récoltes des tomates malgré le temps pluvieux qu'il y avait à Londres. Tant que le plaisir d'y déguster était là, on pouvait se passer de se dire que ces tomates ne pouvaient pas être bonnes ! June aimait beaucoup son père et passer du temps avec lui, à apprendre à cuisiner avec lui. Quelle chance d'avoir un père cuisinier ! Mais pas de chance d'avoir une mère qui ne travaillait plus depuis qu'elle a été virée de son travail. Elle était une secrétaire, mais on l'avait virée pour s'être trempée dans ce qui ne lui regardait pas. Son ancien patron avait fait de sorte qu'elle n'ait plus jamais à travailler, que toutes les entreprises dans lesquelles elle postulait refusent sa candidature. Elle se noyait des fois dans l'alcool et avait du mal à s'en sortir. Son père avait tenté de l'en faire sortir, mais en vain...
Ils avaient fini par divorcer quand June avait douze ans.
D'ailleurs, elle avait une soeur, May. Oui demandez pas pourquoi sa mère avait décidé d'appeler ses filles, May et June. Sans doute parce qu'elle trouvait original d'appeler ses filles par les mois. Le plus drôle, c'était que May était née en Mai et June en juin. Sa soeur avait 2 ans de plus et était déjà assez " adulte ''. Elle était bosseuse au départ, mais la flemme et l'envie de sortir avec des amis l'avait gagnée et avait dû redoubler une classe... Pour finalement finir dans la même classe que June qui avait déjà sauté une classe parce qu'elle savait déjà lire. Malheureusement les deux soeurs ne s'entendaient pas vraiment à merveille: May avait toujours des nouveaux vêtements et June récoltait toujours ceux dont sa soeur ne s'en servait plus. Ou encore elles se disputaient pour savoir qui serait ami avec qui. Surtout que May était plus dans le parti de sa mère alors que l'autre était dans celui de son père. Les raisons des querelles des deux soeurs étaient assez banales, certes.
'' J'y crois pas ! Tu sors avec lui et tu ne me dis rien ?! '' '' Ben ? Pourquoi ça te dérangerait Abby ? Tu ne lui a jamais parlé...!'' Silence. June regardait May et elle semblait contenir sa colère. Les poings fermés, face à elle qui était en train de ranger ses affaires dans le casier du lycée. Elles étaient dans la seconde année.
'' Tu penses que je ne lui ai jamais parlé ? Faut pas se foutre de ma gueule par moment tu sais ? On est des amis et on l'a été depuis ma sixième et toi tu débarques mine de rien et tu sors avec lui ?! '' May ferma la porte de son casier, comme si elle n'avait pas entendu quelque chose qui pourrait l'avoir vexée, comme si elle s'attendait à la réaction de sa soeur. June se pinça la lèvre intérieure et soupira ensuite en croisant ses bras.
'' Tu fais juste ça pour m'embêter, tu n'as aucun sentiment pour lui et tu fais ça parce que ça t'amuse de me mettre en rogne et de jouer avec mes sentiments. Tu parles avec lui, tu fais ta '' fille modèle '', tu sors avec lui, puis après tu vas dévoiler ta véritable nature et tu le plaqueras comme si tu n'avais plus besoin de lui.'' C'était vraiment un handicap que sa soeur May soit dans la même classe qu'elle. Elle lui volait tout ses amis et faisait tout pour que ces derniers se montent contre June. Puis, les chances de retrouver ses amis étaient nulles... Surtout quand sa soeur disait des choses " compromettantes". Là, elle venait de lui frapper en plein coeur: elle sortait avec son meilleur ami: Sawyer. Elle s'entendait très bien avec lui, ils travaillaient toujours ensemble et elle pensait que Sawyer n'allait quand même pas tomber dans le panneau de la comédie de May. June était consciente que sa soeur avait détruit l'amitié et surtout l'amour qu'elle avait pour son meilleur ami. Une chose était sûre, May n'allait pas s'en sortir indemne...! L'amour n'était pas facile à obtenir. June pourrait bien " récupérer " Sawyer, le soutenir et faire comme si l'idée qu'il sorte avec May ne la dérangeait pas. Sauf qu'elle n'avait pas prévu que son meilleur ami déménage ensuite dans une autre ville en Angleterre. Depuis la fin de l'année de la première, ils ne s'étaient plus jamais revus. Ni parlés... Et June n'avait pas pu profiter autant que May de Sawyer.
Au restaurant. Un couple entrait et allait s'installer à une table guidé par un serveur. Le couple de jeunes gens mariés étaient bien habillés et s'installaient tranquillement. Toute à leur aise et remerciait le serveur qui s'en allait. June les observait avec un autre serveur qui était en smoking, il se penchait vers elle et lui chuchota:
" c'est lui ? ". La jeune femme hocha silencieusement la tête et serra un peu les cartes de menu. Elle était très bien habillée et ressemblait un peu aux serveuses.
'' Je vais y aller. '' '' Vas y June. Tu peux le faire..!'' Elle marcha en direction du couple qui était en train de parler tranquillement, champagne à la main.
'' Bonsoir ! '' fit-elle en souriant et en tendant les cartes de menus aux jeunes gens. L'homme manqua de boire de travers son verre de champagne et semblait surpris de la voir ici. Comme s'il la connaissait.
'' Je m'appelle June et je m'occupe de vous durant toute la soirée.'' L'homme se sentait tout d'un coup très mal à l'aise et posa la champagne sur la table. Sa femme ouvrit la carte de menu après avoir pris de la main de June et souriait en lui demandant:
" Que me conseillez-vous ?'' '' De demander à votre mari quand qu'est ce qu'il aura l'intention de dire ce qu'il fait vraiment durant son fameux voyage à Paris.'' répondit-elle au tac au tac ignorant l'homme qui la regardait, les yeux ronds surpris. La jeune femme regarda June en fronçant les sourcils ne comprenant pas vraiment où elle voulait en venir. Cette dernière gardait la carte de menu que l'un des deux n'avait pas pu prendre et pianotait les doigts dessus. Elle avait l'air d'être neutre dans ses paroles malgré qu'on pouvait ressentir un peu de la colère.
'' Il se trouve que monsieur Daniels, le chirurgien le plus important de la ville ne va jamais à Paris pour donner des conférences. '' Madame Daniels regarda son mari lui demandant du regard si c'était bien vrai
'' Puisqu'au lieu d'aller à Paris, il vient me voir, passer du temps avec moi et s'occuper à m'offrir des cadeaux en me mentant tout au long. Il me semble qu'il vous ai men...'' '' non, écoute. Je n...'' Un gros bruit coupa net la parole de l'amant de June. Il venait de se prendre en pleine figure le cahier de menu de la part de sa maîtresse.
'' ne me coupe pas la parole '' fit-elle en gardant encore son calme menaçant. Ce n'était pas facile de le contenir avec toute la colère qu'elle avait: elle s'était confié à lui, elle lui avait fait confiance, elle y croyait vraiment et cet infâme venait de lui tromper et sa femme aussi. Deux pierres d'un coup. Bref, le bruit attira l'attention de tous les clients du restaurant qui se turent. La femme de monsieur Daniels ne disait rien et semblait vouloir savoir la suite. Ce dernier frottait la joue et semblait être désemparé.
'' Je m'étais confiée à toi, je te faisais confiance, je t'ai cru quand tu m'avais dis que tu étais divorcé... Et que tu as détesté ton " ex-femme " et que tu t'es marié par pur obligation. Ne va pas lui dire que c'est un accident et que tu as fauté. Tu étais pleinement conscient ce que tu lui faisais. Tu sais que le vrai accident duquel je voudrais m'en remettre et sans doute pour madame Daniels et ta famille, auraient voulu s'en remettre ? C'est ta venue au monde. '' Gros silence. Tout le monde écoutait June s'exprimer dans un calme olympien. Cette dernière fit un petit sourire et reprit
" Bon appétit. " et elle tourna les talons en repartant vers l'accueil. Tout le monde la regardait partir, la tête haute, déposer le cahier de menu sur le comptoir. Puis l'attention était porté sur le fautif de l'histoire, monsieur Daniels qui se massait la joue suite à une claque grâce au cahier de menu.
Monsieur Daniels s'appelait Rory. Il avait rencontré June quand cette dernière lui avait versé du café dans la rue de Londres. Puis c'était le coup de foudre dont la jeune étudiante était sûre d'avoir. Elle avait fait connaissance avec cet homme et au bout de deux mois, ils étaient amants. Mais elle ne tarda pas à découvrir après huit mois que Rory était marié et avait deux enfants. Elle ne savait pas trop comment réagir au départ, mais elle a été anéantie par cette nouvelle. D'un autre côté elle venait d'apprendre quelque chose et elle n'allait pas laisser passer ça. Elle ne voulait pas se laisser marcher sur les pieds. C'était pour ça qu'elle avait décidé d'humilier en public son ex-amant qui était en compagnie de sa femme. Elle était seulement étudiante en dernière année après avoir fait de longues études dans l'administration et l'économie. Non seulement, cela ne s'arrêtait pas là... Après avoir fini ses études, June décida d'aller migrer vers les États-Unis. Pour couper les ponts avec son passé, de ce qu'elle avait vécu en Angleterre... Pour recommencer tout à zéro. Ne laissant pas bien sûr son père sans nouvelle. Très en colère contre Rory, elle n'hésita pas à aller voir une serveuse d'un bar dont ce dernier fréquentait et avait payé une très grosse somme pour l'accuser à tort de viol. Chose que la jeune serveuse fit deux mois après le départ de la jeune femme aux États-Unis. Elle avait entendu parler que cette affaire avait fait un grand scandale et que le chirurgien avait eu une réputation de merde qui malgré qu'il avait été innocenté par manque de preuves. Il avait divorcé, perdu son métier... Toute sa vie.
'' Mademoiselle Parker ? " La jeune femme leva son regard et on pouvait voir ses légers cernes, comme si elle avait veillé pendant toute la nuit assise sur un siège inconfortable de l'hôpital. Elle portait un tailleur de couleur gris avec un sac à main noir. Comme toujours, elle portait une jupe, elle aimait bien ça. Le médecin se tenait devant elle et examina le dossier, laissant une légère grimace.
" Hé bien.. Je suis au regret de vous annoncer que votre père n'a pas survécu à l'accident de voiture... Mais en revanche, votre soeur s'en est sortie indemne. Enfin à peu près. Si vous voulez la voir, elle est dans cette chambre-là" finit-il en montrant du bout de son stylo de ses doigts la porte de la chambre. Mais June resta là, figée comme une statue de marbre dans le couloir. Regardant le médecin. Elle n'était quand même pas revenue des États-Unis pour apprendre que son père n'ait pas survécu dans un accident de voiture et que sa soeur... Sa pire ennemie de sa famille ait survécue ! Il lui avait fallu au moins deux heures mêlés aux pleurs pour qu'elle décide enfin d'aller voir May. Elle entra dans la chambre discrètement, mais sa soeur avait senti sa présence. Elle était salement amochée:
'' June... Je suis désolée...'' '' qui conduisait ? '' '' ... '' '' qui conduisait ?" " ... June écoute.. J'ai pas mal merd...'' '' répond à ma question s'il te plaît May.'' silence complet. L'accidentée rompit le silence:
" c'était moi.. Je conduisais pour ramener papa, mais on s'était disputé e...'' '' je ne veux plus rien savoir maintenant. Tout ce que je sais c'est que tu m'as enlevé tout ce qui m'est cher. Tu me les as volé, puis tu te permets de me les enlever, tu te permets pour beaucoup de choses. Je n'ai rien fait dans le passé, je suis partie aux États-Unis tout en prenant le risque de ne peut-être plus jamais revoir mon père. Mais... Je ne m'y attendais pas à ce qu'il meure six mois après et par ta faute.'' " June.." " tais-toi. Ce que je vais faire. Je vais rester ici le temps d'enterrer papa. Puis après je pars. Définitivement. Ne compte plus sur moi pour garder tout contact avec toi. Et puis qui voudrait garder contact avec une fille qui ne fait que rater la vie des autres en ne fichant rien d'autre dans sa vie que d'apporter des malheurs ? '' enchaîna-t-elle dans un ton sec, froid, mais on pouvait la voir en train de se retenir de pleurer. On lui avait pris beaucoup de choses dans son passé, on l'avait empêché de faire quoi ce que ce soit pour être heureuse. Quoique ce que ce soit pour être comme tout le monde, avoir une histoire qui commençait par il était une fois avec une fin heureuse de cette façon-là:
" ils se marièrent, eurent des enfants et vécurent heureux jusqu'à la fin des jours restants ". En fait, cette histoire avec cette fin n'existait pas. C'était tout simplement une connerie, une merde en boîte. Un conte pour enfants, filles naïves qui ne connaissaient rien aux dangers de l'amour. Mais cette histoire de June n'était pas une raison de ne plus croire au bonheur ou encore à l'Amour lui-même. Le fait qu'elle parte et vive aux États-Unis, traçant un trait à l'Angleterre lui permet de recommencer tout à zéro. Tout à zéro niveau vie sentimentale, familiale...!
"
Le directeur de la Richards Industry recherche une assistante. Vous serez en charge de seconder sur le plan administratif, technologique et blahblaaaaaahblaaaaah...! Ça t'irait bien June ce métier. Surtout que ça a l'air d'être bien payé, c'est intéressant et... Puis toutes les femmes se pousseraient pour travailler avec Elwyn Richards ! '' '' Si c'est pour finir avec lui dans le même lit et se faire virer par la suite... Je ne préfère pas. Tient, regarde c'est plutôt pas mal cette annonce: Médecin recherche une sécretai... '' '' Non mais tu ne saisis pas l'opportunité que tu as ! '' fit la jeune serveuse qui était en pause et qui était assise en face de June. Elles feuilletaient toutes les deux les journeaux. La jeune femme cherchait un emploi sur l'assistance/secrétariat. Son amie de trois semaines l'aidait dans cette tâche. June la regardait, légèrement agacée par le fait que Sarah insistait de tenter le job de la Richards Industry.
'' Écoute, je ne sais pas si tu lis les journaux, si tu regardes les informations. Mais le directeur de cette industrie va pas tarder à faire couler l'entreprise que son père s'est arraché les cheveux pour la faire monter dans les plus hauts rangs de la société... Et son fils gâche tout. Il ne va pas faire long feu. Puis sa personnalité est très dérangeante comme tout le monde le dit. Il est arrogant, très désagréable... Ce n'est pas un patron idéal pour moi. Désolée, mais moi je dis bonne chance aux candidates." dit-elle tout d'un coup, en lisant le journal et en haussant les sourcils à chaque fois qu'elle " exagérait '' son ton.
'' Mais, June. C'est une occasion idéale pour le lui faire remarquer. Tu suis les actualités de cet entreprise depuis que tu es arrivée, faut croire que ça t'intéresse... Mais que tu as peur d'oser. " La jeune femme regarda la serveuse et resta silencieuse. Laissant le journal tomber sur la table et même dans le café.
Quelques jours plus tard, June venait d'arriver au café, où Sarah l'attendait avec impatience. Elle avait même réservé une place pour elle ! Quand elle la vit arriver, elle l'invita tout de suite à s'asseoir et lui servit son café préféré. Puis finit par s'asseoir en face d'elle.
" Alors ?! '' '' Une heure et demi d'attente sur des sièges inconfortables. Encore une minute je serais partie. Mais au moment où je me suis dis qu'il nous a posé le lapin, il débarque avec son second et nous annonce qu'on devrait encore attendre le temps qu'il grignote avec son ami. Vraiment il se fichait de nous tous, et bien sûr je n'ai pas pu résister à l'envie de l'empêcher de nous faire attendre encore une heure !" Une pause, June buvait tranquillement son café. Légèrement énervée par l'attitude. Sarah s'impatienta
" et puis ? " " Et puis.." elle posa sa tasse de café sur la table
'' ... Je l'ai remis à sa place, je l'ai empêché de me faire attendre encore ne serait-ce quelques heures. Je me suis permis d'entrer et de commencer de force l'entretien. Il ne s'y était pas attendu à ce que je le lui remette en place. J'ai surtout l'impression que sa mère ne lui a donné l'éducation qu'il lui fallait... '' '' Et donc..?'' '' Je suis engagée. Je commence demain à 9h. D'ailleurs, il m'avait proposé d'aller boire un verre, mais bien sûr.. J'ai refusé. Je suis sûre que ça l'a frustré et jamais on ne lui a posé un lapin comme ça. Au moins comme ça, il saura ce que c'est d'avoir la sensation de prendre des gens pour des bourriques.'' finit-elle sous un petit sourire.
'' Je parie que je ne tiendrais pas une semaine avec lui à quel point il va m'être insupportable et désagréable.." '' Qui tente rien, n'a rien June. Essaye une semaine, voire un mois pour voir !'' La jeune femme haussa les épaules et leva les yeux au ciel, semblant de ne pas trop y croire.
Sauf qu'elle était resté dans le même poste depuis 5 ans.
'' Oui.. Non, il n'est pas là aujourd'hui.'' '' ... '' Non désolée, je ne sais pas où il est. Mais je le remplace pour les réunions à venir. Ah oui, est-ce que tu pourrais me préparer le café et de l'installer sur la table dans la salle des réunions en attendant s'il te plait ? " '' ... '' '' Merci, à tout à l'heure " Bruit d'un téléphone qui se raccrochait. June soupira et prit en réunissant quelques dossiers qui étaient étalés sur son bureau. Elle avait des cheveux attachés, habillée dans un tailleur comme à son habitude. Son attitude disait tout de suite qu'elle était en manque de café. Il lui fallait vraiment un café ! June allait vraiment devenir folle sans. Elle agissait presque comme une accro en manque. Elle rangea un peu son bureau et prit les dossiers entre son bras et sa poitrine. Puis au moment où elle ouvrit la porte de son bureau, elle eut un léger hoquet de surprise en voyant Elwyn devant la porte. Il s'apprêtait aussi à l'ouvrir. Les feuilles tombaient à ses pieds sous l'effet de surprise. Elle soupira de soulagement en posant sa main à son cou tout en fermant les yeux:
" Elwyn.. Tu m'as fais peur..'' fit-elle avant de s'accroupir par terre pour ramasser les feuilles qu'elle avait fait tomber:
'' Ce n'était pas le but. '' fit-il sous un air neutre en lui tendant la tasse de café que June pensait la retrouver dans la salle de la réunion. Après que cette dernière se soit relevée, elle fronça légèrement les sourcils, se demandant sans aucun doute comment il avait su qu'elle avait besoin d'un café. Décidément elle ne savait jamais ce qui allait arriver avec lui...Règle numéro un, si vous ne connaissez pas June. C'était une accro au café et n'arrivait pas vraiment de passer une journée sans avoir bu au minimum une tasse. On savait tout de suite, sans avoir besoin de lui demander si elle avait besoin du café pour se dé-stresser. La jeune femme prit la tasse de café en le remerciant avec un mince sourire.
'' Tu dormais j'imagine ? '' '' Non, enfin... Si. Oui je dormais.'' '' Comme d'habitude... Je te remplaces pour les réunions, j'ai dis que tu étais injoignable." '' J'avais éteint mon téléphone.'' '' Je sais.'' un échange assez rapide comme s'ils savaient ce qu'ils allaient se dire. Elwyn fronça les sourcils et remarqua que June était anormalement grande et finit par regarder ses pieds. Il soupira en voyant les talons
'' tu n'es pas obligé de porter ces talons...'' elle fit à nouveau un léger sourire
'' je sais. Mais j'aime bien les porter. Ça fait professionnelle.'' surtout c'était pour l'embêter... Elle savait qu'El' ne supportait pas à l'idée que June soit plus grande que lui grâce à ses talons. Elle aimait bien l'embêter avec ça et elle ne s'en lassait pas. Oui, cinq ans étaient passés, cinq années de boulot côte à côte. Les débuts n'étaient franchement pas faciles, elle devait supporter son nouveau patron. Subir ses caprices, devoir les refuser, faire comme si elle était une mère qui grondait son enfant de cinq ans. June n'était vraiment pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Cependant, au fur et à mesure que le temps passait... La nouvelle assistante découvrit qu'en fait Elwyn n'était pas ce qu'il prétendait d'être au public. Il n'était pas arrogant, un peu pénible mais pas le genre de personne qu'on pourrait vraiment détester...! Il a des qualités comme tout le monde, une personne sans qualités... Ça n'existait pas. Au fur et à mesure que le temps passait, Monsieur Richard passait à Elwyn ou El', le vous passait à tu, le patron passait à un meilleur ami qui présentait ses amis. C'était grâce à lui d'ailleurs que June avait pu rencontrer Ezrael et Sofia il y avait cela quelques années, sans doute trois ans.. Voire trois ans et demi ! Au fur et à mesure que le temps passait, leur relation évoluait. Elle passait d'une relation éphémère à une relation avec une tension sexuelle, puis June commençait à ressentir des sentiments pour son patron, mais elle ne sait pas vraiment si c'était réciproque... Elle avait légèrement la sensation que c'était le cas bien qu'El' prenait ça pour un jeu, bien qu'il n'avait pas l'air de prendre ça au sérieux. June restait toujours à ses côtés, attendant un signe de sa part lui disant qu'il serait prêt. Qui craquera en premier ? Soudainement la main vint rencontrer la joue du patron de Richards Compagny. Une autre légère gifle en l'air. Il avait tenté de lui faire un bisou comme à son habitude et il se faisait encore repousser par une petite gifle. Le quotidien poursuivait et June sortait de ses pensées, de ses rêves.
'' Dis moi ? Tu es amoureuse de lui ? '' June releva son regard vers Sofia comme si cela l'avait interpellée. Elle fit les yeux rond comme quoi elle essayait de lui dire qu'il était dans la pièce d'à côté. La jeune mère au foyer haussa légèrement les épaules, lui passant le message que c'était bon. Il ne fallait pas s'inquiéter, que les hommes seraient tellement occupés à se parler qu'ils n'entendraient pas ce que les femmes s'étaient en train de se dire. Sofia regarda June continuant à faire de la cuisine. L'assistante ne tarda pas à venir l'aider, c'était pour ses talents cuisinières dont elle avait hérité de son père que son amie l'avait appelé.
'' Tu sais, ça va faire cinq ans que ça dure. Ezrael et moi sommes en train de nous dire que vous formez un couple. '' '' .. Je n'ai jamais dis que je suis amoureuse de lui '' '' tu viens de me dire le contraire en me demandant de me taire. '' " ... " soupir. La jeune femme coupa les tomates tranquillement:
" ça se voit à ce point-là ? " lui demanda-t-elle sous un petit sourire. Sofia pencha sa tête des deux côtés, comme si elle hésitait.
'' On se le demande. Y a de la tension entre vous deux et puis aucune autre femme que toi a réussi à travailler à ses côtés aussi longtemps !'' '' .. Au départ, je croyais avoir affaire à un sale homme arrogant, très désagréable, qui ne pense qu'à lui-même... Mais on ne juge pas le livre par sa couverture (expression anglaise). Les gens qui disent du mal de lui, n'ont pas pris le temps de le connaître...'' Silence. C'était vrai. Des fois, les gens de la vie quotidienne exaspéraient June à force de critiquer Elwyn. Ils ne disaient et mettaient que des défauts dans la liste du caractère du directeur de Richards Entreprise. L'assistante n'hésitait même pas à les remettre à leur place.
'' Non. El' est quelqu'un de généreux et n'est pas si désagréable qu'il ne laisse paraître.. Il est pénible, c'est vrai... Il n'a pas sauté deux classes pour rien, c'est vraiment un génie. Il bricole des machines... '' une pause.
'' Je suis des fois inquiète pour lui, surtout quand il bricole quelque chose et qu'il se blesse par la suite.''. C'était vrai, June était déjà allée chez El' et avait découvert les machines qu'il avait dû fabriquer. Elle en était impressionnée au fond d'elle-même. Cependant, El' avait voulu lui faire une démonstration sur un objet technologique, mais cela s'était mal passé. D'où les inquiétudes de June quand elle apprenait que son patron était en train de bricoler. Sofia la regardait, souriant légèrement en écoutant June se confier. Elle semblait s'y attendre.
'' Cinq années m'ont été suffisantes pour que j'apprenne à le connaître, à le comprendre.. Même si je fais comme si j'étais sa mère. Il est devenu la personne qui compte le plus pour moi, mon meilleur ami...'' La jeune femme s'arrêta et finit de couper les tomates en rondelles.
'' Et pourquoi June tu ne lui dis pas tout ceci ? " " Parce qu'il n'est pas encore prêt. Je préfère l'attendre que de faire un faux pas. Je préfère que ça soit lui qui...'' Elle ne finissait pas sa phrase et finit par plonger dans l'esprit culinaire. La jeune femme avait entendu que quelqu'un venait à la cuisine.
June attendait depuis un certain temps un signe venant d'El'. Elle ne perdait jamais espoir. Elle restait toujours à ses côtés et elle le restera toujours quoiqu'il advienne.